Enquête diagnostique des connaissances en information-documentation des élèves du secondaire en France

Question 22. Notion ciblée : Document

Remarque

Notion organisatrice : Document

Présentation de la question

Dans la liste suivante, coche ceux qui sont des documents :

a) Une page web sur les animaux

b) Un exposé oral sur le cinéma

c) Un diaporama sur le cinéma

d) Une BD « Titeuf »

e) Un DVD vierge

f) Le dernier clip de Lady Gaga

g) Une photographie sur Facebook

h) Aucun

i) Je ne sais pas

Question à choix multiple

Connaissances évaluées et enjeu de la question

  • Document

  • Type de document

  • Support documentaire

  • Codage informationnel

  • Contenu informationnel (message)

Cette question est de nature plus notionnelle, elle vise à évaluer le degré d'appropriation du concept de document chez les élèves. Le document est constitué d'informations inscrites sur un support médiatique grâce à différents codes de transcription et dans une intention de communication ( FADBEN[1]).

« Le document : contenu intellectuel, support et structure »

« L'approche structurelle du document est complexe. Elle fait interagir plusieurs types de structures qui vont apporter des contraintes distinctes à l'organisation finale du document et lui donner à la fois son type (généralité) et son identité (spécificité). Ainsi peut-on différencier quatre modalités formelles : la structure logique qui est liée au texte et à l'écrit, la structure conventionnelle attachée à la catégorie du document (livre, périodique, site Internet), la structure organisationnelle imposée par la technologie de communication (encodage, affichage), et la structure rhétorique manifestée par le discours propre au type de média (TV, radio, web).  »

« Le document formel articule ainsi à un texte, image ou son (contenu intellectuel), un support (contenant) et une organisation (structure). » ( Ballarini-Santonocito, Duplessis 2006[2]).

Il existe différents types de document, de même, qu'il existe différents types de supports et de codages de l'information (transcription du contenu intellectuel).

Concernant les types de document, nous retrouvons ici : la page web, le diaporama, la BD, la vidéo, la photographie. Le livre n'était pas proposé dans la mesure où il est souvent associé au concept de document, le but étant ici de savoir à quels autres types de document les élèves associent ce concept.

Concernant les supports documentaires, nous retrouvons : le numérique, le web et le papier.

Concernant le codage, nous retrouvons : l'écrit, l'image fixe et animée, le son.

L'évaluation porte ici sur un niveau minimal d'acquisition du concept de document, à savoir :

  • la connaissance des différents types de documents,

  • les différents codages possibles du contenu informationnel (ou message) inscrit dans ce qui devient un document (écrit, image, son),

  • le nécessaire rapport entre information et support pour faire document (propositions erronées sur le DVD vierge et sur l'exposé oral).

Résultats

Question 22 : résultats
Question 22 : graphique
Question 22 : graphique

Analyse des résultats

La page web arrive en tête des réponses pour tous les niveaux, avec un score assez constant situé entre 70% et 80%. Sauf en LP, où il est inférieur à 70%, avec même une légère baisse entre la 2nde et la Terminale (de 66,9% à 62,58%).

En rang 2, vient le diaporama, avec des scores situés entre 65% et 70%, sauf en 6ème où le score se situe autour de 50%, en concurrence avec l'exposé oral ; les deux étant souvent associés dans l'exercice scolaire, une confusion a pu s'opérer dans l'esprit des élèves, venant brouiller la représentation qu'ils se font du document.

L'exposé oral, réponse erronée, est d'ailleurs assez fortement perçu comme un document : 50% des élèves de collège et 40% des élèves de 2nde (rang 3). Ce n'est qu'en Terminale qu'il descend en rang 4 avec des scores qui baissent à 30%, ce qui représente encore presqu'un élève sur 3.

La BD et la photographie viennent ensuite, se disputant de peu le rang 4 jusqu'en 2nde et le rang 3 en Terminale. Il est à noter, pour ces deux types de document, que les scores sont meilleurs en fin de collège qu'en lycée.

Le vidéo-clip est le type de document le moins bien perçu en tant que tel, avec des scores se situant entre 20% et 30%. Là encore c'est en 3ème (30%) que les scores sont les meilleurs, pour revenir au même niveau qu'en 6ème (20%) en LGT, voire même plus bas (13% à 14%) en LP.

Le DVD vierge, s'il est perçu comme un document par environ 20% des élèves de collège, chute à moins de 10% en lycée. La confusion entre support et document semble ainsi s'estomper.

Le taux d'incertitude reste assez faible pour tous les niveaux, entre 5% et 9%. C'est toutefois en LP qu'il est le plus élevé atteignant près de 9% des élèves de Terminale.

La proposition « Aucun » obtient des pourcentages très faibles (4% et moins).

Globalement, hormis le plébiscite accordé à la page web et au diaporama, les autres types de document sont plutôt mal perçus. Le concept de document semble mal appréhendé quant à ses caractéristiques essentielles, à savoir un contenu informationnel inscrit sur un support ; en témoigne essentiellement la confusion faite avec l'exposé oral.

Comment expliquer ces résultats ? Deux pistes sont possibles : celle de la prédominance de l'écrit sur l'image, d'une part, qui placerait la page web en tête des réponses données, celle de la collusion entre le document et son empreinte scolaire, d'autre part.

S'agissant de la prédominance de l'écrit, il est à remarquer que celui-ci est de moins en moins représenté au fur et à mesure du déclassement qui s'opère entre les différents types de document proposés, le clip arrivant en dernier avec un score autour de 20%. Ainsi, l'écrit reste une caractéristique majeure dans la représentation que les élèves se font du document, venant largement en tête par rapport à l'image et au son en tant que code de transcription possible d'une information et en tant que porteur d'une information.

Mais il est plus probable que le contexte scolaire du document exerce une influence plus grande encore, influence d'autant renforcée que le questionnaire est proposé par l'école. On observe ainsi que les documents potentiellement « utiles » au métier d'élève se trouvent placés en tête des choix (page web, diaporama), par au moins 40% des élèves. En bas de l'échelle, nous trouvons la photographie, la BD et le clip. L'intrus « exposé oral » (perçu en tant que document par 51% des élèves de Sixième, 40% des élèves de Seconde et encore 30% des élèves de Terminale), vient conforter cette analyse dans la mesure où, outre sa forme scolaire très répandue depuis l'école primaire, il est fortement lié à la documentation. C'est généralement dans le cadre de cet exercice qu'il est demandé aux élèves de chercher et d'utiliser des documents, allant jusqu'à leur demander une production documentaire, en l'espèce le diaporama, document de support à l'exposé oral. Une confusion se fait dès lors entre le processus (l'utilisation de documents) et le produit (une communication orale avec ou sans support). Nous sommes ici face à un obstacle épistémologique lié au contexte scolaire, où la présence forte du document dans le contexte de l'exposé oral brouille fortement la représentation que l'élève s'en fait.

Le faible score remporté par le clip, voire ceux très moyens remportés par la BD et la photographie, viennent corroborer cette empreinte scolaire appliquée à la perception du document. En effet, outre le fait que ces documents soient fortement liés à l'image et au son, les exemples précis donnés dans les réponses possibles, à savoir : « Le dernier clip de Lady Gaga », « Une BD Titeuf », «  Une photographie sur Facebook », renvoient à un contexte hors école et, qui plus est, ludique. Il est à parier que si nous avions proposé une vidéo sur les risques du nucléaire, une photographie de Jean Moulin et L'Étranger d'Albert Camus en BD, les résultats auraient été sensiblement différents. L'objectif était justement ici de tester la connaissance qu'ont les élèves du concept de document au travers d'exemples pris dans leur environnement quotidien, mais non spécifiquement scolaire.

Pour conclure, il résulte de cette analyse une appréhension très floue, voire erronée, du concept de document et de ses caractéristiques essentielles (contenu intellectuel, support médiatique, codage informationnel), ainsi que des différents types de document existants. L'étiquette « document » est très fortement influencée par son emploi scolaire, et par l'usage qui en est fait à l'école en tant qu'outil au service des apprentissages disciplinaires, et non en tant qu'objet d'apprentissage. Nous retrouvons là le clivage qui s'opère entre, d'une part, la pédagogie documentaire, historiquement marquée par l'utilisation du document comme médiation entre le savoir et l'élève, en tant que moyen d'accès aux connaissances et, d'autre part, la didactique de l'information qui fait du document un objet de connaissance en soi. C'est cette dimension didactique qu'il convient de développer si l'on veut que les élèves sachent ce qu'est un document.

Comparaison avec les enquêtes CREPUQ 2003 et EDUDOC 2008

Pas de question équivalente dans ces deux enquêtes.

  1. 7
  2. 8

    Duplessis Pascal, Ballarini-Santonocito Ivana. « Document ». Petit dictionnaire des concepts info-documentaires [en ligne]. SavoirsCDI, 2006. http://www.cndp.fr/savoirscdi/chercher/dictionnaire-des-concepts-info-documentaires/d/document.html

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