Audience au minist�re : un dialogue � poursuivre

La FADBEN a obtenu un rendez-vous au Minist�re, un mois � peine apr�s l’envoi d’un courrier � Monsieur Vincent Peillon, Ministre de l’Education nationale. Forte des 2500 signatures du Manifeste FADBEN 2012 Enseignement de l’information-documentation et ouverture � la culture informationnelle, l’association, repr�sent�e par Martine Ernoult, Thierry Adnot et Pascal Duplessis, a �t� re�ue le lundi 9 Juillet 2012. La demande portait sur la constitution d’un groupe de travail minist�riel destin� � �laborer un curriculum des apprentissages relevant de la culture de l’information et des m�dias num�riques.

Nos interlocuteurs annonc�s �taient Bernard Lejeune, Conseiller social charg� des relations avec les acad�mies, des DOM-TOM, des personnels et de l’enseignement priv� aupr�s du Ministre, et Gilles Braun, Chef du bureau des ressources num�riques � la sous direction des technologies de l’information et de la communication pour l’�ducation, repr�sentant la DGESCO.

Monsieur Braun nous a finalement re�us seul. Il nous a donn� quelques signes forts par une �couteattentive de nos propositions pour le d�veloppement de la culture de l’information et des m�dias num�riques. Il s’est engag� sur un rendez-vous en octobre dans le cadre de la concertation des associations professionnelles sur la Refondation de l’Ecole.
Pour autant, M. Braun n’a pas sembl� mesurer � sa juste valeur l’attachement de nos coll�gues � leur identit� enseignante. Il s’est dit �tonn� des diff�rends qui opposent la profession et l’Inspection g�n�rale EVS depuis 2003. Ainsi, les remous accompagnant le s�minaire de l’ESEN sur le learning centre puis l’arriv�e du concept de Centre de connaissances et de culture, pourtant largement relay�s par des prises de position explicites dans les m�dias professionnels, n’ont pas �t� pris en compte. Ce qui n’est pas sans cons�quences puisque, comme le reconna�t M. Braun, le vademecum Vers des centres de connaissances et de culture interpelle les collectivit�s territoriales, qui s’interrogent aujourd’hui sur la n�cessit� de continuer � construire des CDI dans les �tablissements du secondaire !
Compte-rendu d’un rendez-vous en demi-teinte…

La FADBEN, repr�sent�e par Martine Ernoult, Thierry Adnot et Pascal Duplessis, a �t� re�ue le lundi 9 Juillet 2012 par Gilles Braun. Compte-rendu des �changes.

Gilles Braun nous accueille chaleureusement, dans les bureaux de la rue de Grenelle.

Martine Ernoult pr�sente la FADBEN, association de sp�cialistes ind�pendante des syndicats, et pr�cise que l’association f�te cette ann�e ses 40 ans. La FADBEN, n�e en m�me temps que les CDI, a toujours pes� fortement sur les �volutions du m�tier (circulaire de mission de 1986, cr�ation du CAPES, r�f�rentiel m�tier, etc.).

Gilles Braun signale qu’il conna�t bien la FADBEN par les nombreux contacts qu’il a �tablis avec l’association au cours de sa carri�re.

Martine Ernoult affirme que la profession est devant un nouveau tournant, initi� par l’explosion du num�rique et par l’importance pour le citoyen d’acqu�rir une culture de l’information et des m�dias num�riques. Malgr� la pr�gnance de cet enjeu, la FADBEN regrette l’absence de formalisation, de prescription et de cadre didactique pour ces savoirs. Le professeur documentaliste est naturellement l’enseignant de r�f�rence pour ces apprentissages gr�ce � sa sp�cificit�, qui est de s’appuyer � la fois sur un syst�me de ressources didactis� qu’est le CDI, et sur des gisements de ressources informationnelles en ligne.
La FADBEN pr�sente le Manifeste FADBEN 2012, Enseignement de l’information-documentation et ouverture � la culture informationnelle qui a recueilli pr�s de 2500 signatures.
La FADBEN demande la constitution d’un groupe de travail minist�riel charg� d’�laborer un curriculum des apprentissages relevant de la culture de l’information et des m�dias num�riques.

Gilles Braun pense qu’il faudra n�cessairement aborder ces questions lors de la mise en place des ESPE [Ecoles Sup�rieures du Professorat et de l’Education]. En ce qui concerne la consultation en cours, le ministre a souhait� qu’elle soit prioritairement ouverte aux partenaires ext�rieurs de l’Education nationale. C’est la raison pour laquelle les associations de sp�cialistes n’ont pas �t� convi�es � ses sessions. C’est encore plus vrai pour la question du num�rique qui est un domaine qui traverse toutes les disciplines. L’enseignement des m�dias sera bien s�r abord�. Gilles Braun demande � la FADBEN une contribution �crite qu’il s’engage � int�grer au sein de la r�flexion.

Pascal Duplessis questionne Gilles Braun sur le regard de l’institution sur le num�rique.

Pour Gilles Braun, la ligne de tension actuelle du d�bat est le rapport entre l’�tat et les collectivit�s territoriales en termes d’�quipement. De plus, le num�rique interroge l’�volution des disciplines scolaires, ainsi que la place de la recherche d’information et de l’�ducation aux m�dias. La consultation en cours va aborder ces questions puisqu’elle met en place un d�bat de soci�t� dont l’objectif est de d�gager les grands principes d’une loi d’orientation. Sa d�clinaison viendra ult�rieurement sous forme de d�crets et de circulaires.

Pascal Duplessis affirme qu’� force de diluer l’enseignement aux m�dias dans les disciplines, celui-ci n’est plus compl�tement pris en compte dans les apprentissages.

Gilles Braun souligne que le num�rique recouvre un certain nombre de domaines �ducatifs et que la question est : « comment le prendre en charge ? »

Martine Ernoult pr�sente les diff�rents travaux des chercheurs sur la didactique de l’information, ainsi que les diff�rents rapports qui confient au professeur documentaliste un module d’�ducation aux m�dias (Assouline, Morano, Fourgous).

Pascal Duplessis pr�cise qu’un enseignement � l’information et aux m�dias num�riques ne doit pas �tre une simple formation � l’usage des outils mais qu’il existe dans ce domaine des connaissances qui peuvent �tre didactis�es. Le choix qui s’offre � l’institution est simple : un enseignement sp�cifique ou une transversalit� des apprentissages.

Gilles Braun pense que les diff�rentes alternatives propos�es ne sont pas antagonistes et qu’il existe un consensus sur la n�cessit� de former les �l�ves au num�rique et sur la mission enseignante du professeur documentaliste.

Martine Ernoult rel�ve que l’�chec de la r�daction d’une nouvelle circulaire de mission centr�e sur la mission enseignante du professeur documentaliste montre que le consensus n’est pas si bien �tabli au minist�re qu’il le pense.

Pascal Duplessis pr�cise que dans la circulaire de 86 et lors de la cr�ation du CAPES, la mission de gestion �tait au service de la mission enseignante, et qu’� partir des ann�es 2000, la mission de formation des �l�ves est devenue secondaire dans les textes officiels. Ainsi, dans le texte du dernier projet de circulaire, la responsabilit� p�dagogique avait m�me �t� abandonn�e !

Thierry Adnot signale que lors des derniers colloques du Plan National de Formation, la constitution des espaces est privil�gi�e par rapport � l’enseignement.

Gilles Braun demande quelle serait notre discipline universitaire d’accroche.

Pascal Duplessis r�pond que notre discipline �pist�mologique est constitu�e par les sciences de l’information et de la communication.

Gilles Braun signale que le probl�me devrait �tre trait� lors de la mise en place des ESPE.

Pascal Duplessis souligne n�anmoins que les savoirs scolaires sont encore � construire et qu’un groupe de travail devrait se pencher sur la transposition didactique.

Gilles Braun demande � la FADBEN une formalisation de ces savoirs scolaires pour avoir les �l�ments n�cessaires � la constitution d’un groupe de travail. Mais il ne comprend pas vraiment la ligne qui oppose le minist�re et l’Inspection G�n�rale EVS � la FADBEN.

Pascal Duplessis insiste sur la pr�conisation du dernier rapport Fourgous (2012) de cr�er « une mati�re ou des modules avec un r�f�rentiel de comp�tences » et met sous les yeux de Gilles Braun une s�lection de savoirs scolaires tir�s de ce rapport, que l’information-documentation pourrait prendre en charge.

Martine Ernoult pr�sente les diff�rents textes publi�s sur des sites officiels qui nient la comp�tence p�dagogique du professeur documentaliste.
Pascal Duplessis souligne que, au sein du r�f�rentiel de comp�tences des enseignants de 2010, l’Inspection G�n�rale EVS a demand� le retrait, pour les professeurs documentalistes, des trois comp�tences au coeur du m�tier d’enseignants (pr�paration de s�ance, tenue de classe, �valuation).

Thierry Adnot pr�cise que, dans la pratique, l’Inspection EVS s’int�resse davantage aux lieux qu’aux personnels. Elle �value le m�tier par les espaces plut�t que par les apprentissages. Lors de la rencontre avec le s�nateur Assouline, celui-ci avait exprim� la crainte d’ajouter une sur-couche disciplinaire � un emploi du temps des �l�ves d�j� trop charg�. La FADBEN s’appuyant sur les pratiques enseignantes des professeurs documentalistes, rappelle que l’enseignement info-documentaire peut �galement s’articuler � des dispositifs interdisciplinaires.

Gilles Braun ne pense pas que la question des moyens soit un obstacle pour la DGRH dans l’�ventualit� d’un enseignement sp�cifique.

Pascal Duplessis explique la distinction entre la ma�trise de l’information (information literacy) et la culture de l’information et des m�dias num�riques que promeut la FADBEN.

Gilles Braun demande quelle est la diff�rence entre les CDI et le learning centre. Il estime que, si le terme anglo-saxon n’est pas tr�s heureux, il est cependant n�cessaire de changer l’appellation du lieu.

Pascal Duplessis r�pond que le learning centre est avant tout un espace d�di� aux apprentissages informels qui laisse une place importante � la m�diation technologique. Par opposition, le CDI est un espace didactis� sur lequel s’appuie le professeur documentaliste pour construire les apprentissages formels de la culture de l’information et des m�dias num�riques. C’est cette distinction entre apprentissages formels et informels qui est au coeur du d�bat aujourd’hui.

Gilles Braun demande quel est le r�le du r�seau CRDP par rapport au m�tier.

Martine Ernoult et Pascal Duplessis expliquent que l’histoire du m�tier a plac� celui-ci � ses d�buts dans le giron du CNDP puis qu’il s’en est d�tach�, notamment avec la cr�ation du CAPES (1989) et la cr�ation des IUFM (1992) qui ont pris en charge la formation des professeurs documentalistes. La derni�re circulaire de rentr�e voudrait cependant revenir sur cet �tat de fait, en faisant des 3C des t�tes de pont du r�seau SCEREN.

Le temps d�volu � l’audience �tant �coul�, l’entretien s’est achev� sur ces propos

Documents

PDF - 116.2 ko