Enquête diagnostique des connaissances en information-documentation des élèves du secondaire en France

Question 24. Notion ciblée : Éthique de l'information : plagiat

Remarque

Notion organisatrice : Exploitation de l'information

Présentation de la question

Le plagiat est interdit. Je fais du plagiat quand :

a) Je fais un copier-coller à partir d'un document sans dire d'où il vient

b) J'imite un écrivain connu

c) Je reprends entre guillemets la phrase d'un journaliste

d) Je rends au professeur le devoir que j'ai copié sur celui d'un ami

f) Je ne sais pas

Question à choix multiple

Connaissances évaluées et enjeu de la question

  • Éthique de l'information

  • Plagiat

  • Droit d'auteur

  • Propriété intellectuelle

  • Droit de citation

Le plagiat relève à la fois du droit et de l'éthique de l'information. Cette pratique consiste à copier, emprunter ou imiter un texte, une image ou un graphique tiré d'un livre, d'une revue ou d'une page web sans en mentionner l'auteur. Exprimer dans ses propres mots l'idée originale d'un auteur sans en donner la référence est également considéré comme du plagiat.

Si la loi ne sanctionne pas le plagiat mais la contrefaçon sans consentement de l'auteur, il arrive que les universités, où cette pratique est courante, la sanctionnent avec plus ou moins de rigueur. Des enquêtes récentes, menées outre Atlantique et en France sur les pratiques des étudiants, révèlent que 75% d'entre eux ont recours au plagiat pour la rédaction d'un devoir, et ce, sans avoir pour autant le sentiment de commettre une faute. Le contexte numérique dans lequel ils évoluent aujourd'hui pourrait bien être un facteur à la fois favorisant (accès simplifié aux ressources, technique du copier-coller) et légitimant (les valeurs de partage véhiculées par le web) le plagiat. Outre les aspects éthiques couramment évoqués relatifs au respect de la propriété intellectuelle et du droit d'auteur, la lutte contre le plagiat réalise un enjeu cognitif fort, celui de l'appropriation d'une connaissance comme résultant à la fois d'un effort individuel de structuration et de la prise de conscience de ce que nous devons à ceux qui nous précèdent.

Toujours est-il que les lycéens, selon une enquête menée dans l'académie de Lyon ( Dussurgey, 2012[1]), seraient de plus en plus conscients de cette pratique (73,4% en Terminale), alors qu'un tiers des collégiens de 4ème seulement se disent capables de l'expliquer.

L'enseignement de l'information-documentation au collège, s'il ne se centre pas sur le plagiat proprement dit (désignation et définition), insiste cependant sur la construction des notions constitutives d'auteur, de citation et de références bibliographiques. La maîtrise de la technique bibliographique du référencement est même un passage obligé de la démarche documentaire dès la 6ème. Par ailleurs, le droit de l'image est de plus en plus traité par les enseignants documentalistes lors des séances relatives aux blogs et aux réseaux sociaux comme Facebook.

Le but de cette question est donc de mesurer l'impact de ces formations sur la reconnaissance du terme et sur la prise de conscience de la notion de plagiat par les élèves du secondaire.

Le test propose deux réponses ne présentant pas de réelles difficultés. En effet, « Je fais un copier-coller à partir d'un document sans dire d'où il vient » (a) convient bien à la définition basique du plagiat. L'étude des réponses devrait permettre de connaître le pourcentage d'élèves maîtrisant ou non la notion. « Je rends au professeur le devoir que j'ai copié sur celui d'un ami » (d) conserve cette idée d'attribution abusive de contenus, mais la transpose dans une situation scolaire distincte de la recherche documentaire avec laquelle le plagiat est généralement associé.

La réponse « Je reprends entre guillemets la phrase d'un journaliste » (c) met en valeur l'emploi de guillemets en tant que signe discriminant d'un emploi licite relevant de la citation. La réponse « J'imite un écrivain connu » (b), enfin, ne relève pas du plagiat, mais s'appuie sur un exercice connu des élèves, le pastiche. Dans le cas du pastiche, en écrivant « à la manière de », c'est le style d'un auteur qui est repris, celui-ci étant généralement cité.

Résultats

Question 24 : résultats
Question 24 : graphique

Analyse des résultats

En 6ème, les scores obtenus par les différentes réponses se situent dans une fourchette de 20% à 36%, avec en rang 1 le choix « Je ne sais pas » qui représente près d'un tiers des élèves. La réponse sur le copier-coller arrive en rang 2, mais est choisie par moins d'un élève sur trois. La deuxième bonne réponse arrive en dernier. Nous pouvons sans grand risque faire l'hypothèse que le terme « plagiat » n'est pas compris par les élèves entrant en 6ème.

Dès la fin de la 3ème, la réponse sur le copier-coller arrive en tête et progresse jusqu'à atteindre les 80% en Terminale. Si ce dernier semble assez bien reconnu comme étant du plagiat, il n'en va pas de même pour la copie d'un devoir scolaire. Est-ce le contexte scolaire et la relation entre pairs qui banalise la pratique ?

Si l'on globalise les données de cette question pour tous les niveaux testés, on observe que seulement 59% les élèves du secondaire reconnaissent le plagiat dans l'acte de copier-coller un document sans dire d'où il vient. Ils sont encore moins nombreux (36%) à assimiler celui-ci au fait de rendre un devoir copié sur celui d'un ami. Dans le cas du copier-coller d'un document, cette reconnaissance croît régulièrement de la 6ème, avec 29,5%  au LGT pour atteindre 83% en Terminale. Dans le cas de la copie du devoir d'un camarade, cette progression est moins forte, passant de 18,5% à 52%.

Écart entre LP et LGT dans la reconnaissance du plagiat dans le copier-coller

Un écart notable est à relever entre le LGT et le LP. Si les élèves de LGT semblent régulièrement progresser dans la prise de conscience du plagiat, ceux de LP régressent au contraire sensiblement à partir du score enregistré en 3ème.

Progression du taux d'incertitude au LP et au LGT

De même, le taux d'incertitude, après avoir chuté de plus de moitié de la 6ème à la 3ème, montre un regain regrettable en 2nde LP, qui va en se confirmant en Terminale. Au contraire, en LGT celui-ci affiche une décrue constante sur les trois années qui le constituent. Ces résultats, basés sur l'appréciation, par les élèves, de leur connaissance du plagiat, sont objectivement confortés par les autres réponses, qui expriment une courbe inverse.

L'imitation d'un écrivain perçue comme un plagiat

La réponse relative à l'imitation d'un écrivain connu s'exprime, quant à elle, le long d'une ligne en cloche pour le LGT. Cet exercice scolaire, de type pastiche, est davantage perçu comme un plagiat - jusqu'à 44% d'entre eux en 2nde LP ou en Terminale LGT - pour les élèves à partir de la 3ème. Le différentiel entre LP et LGT joue ici encore en faveur des seconds, mais moins sensiblement.

Les guillemets, indicateurs anti-plagiat

En ce qui concerne la citation, moins de 10% des élèves de Terminale interprètent les guillemets comme la marque d'un plagiat, qu'ils soient en LGT (4%) ou en LP (7%). A la fin du collège, les élèves de 3ème ont également intégré le sens apporté à ce signe typographique (10%).

La reconnaissance du plagiat

On pourra trouver encourageant, même si cela n'est pas suffisant, que quatre lycéens de LGT sur cinq reconnaissent que faire un copier-coller à partir d'un document sans dire d'où il vient est un plagiat[2]. Cela signifie cependant qu'à l'entrée dans les études supérieures il reste un lycéen de LGT sur cinq qui l'ignore. Ces résultats sont bien plus alarmants lorsqu'ils impliquent un lycéen professionnel sur deux et seulement un collégien sur trois en 3ème.

Ce constat est encore plus préoccupant si l'on considère que, dans un contexte où le phénomène de mise à disposition des ressources documentaires numériques dans les apprentissages disciplinaires n'en est qu'à ses débuts, les élèves sont de plus en plus tentés de récupérer de l'information adaptée à leur besoin. À l'université en effet, l'enquête Six degrés[3] fait déjà apparaître que « seuls 3,2% des enseignants considèrent le plagiat des étudiants comme inexistant ».

La lutte contre le plagiat doit donc intervenir bien en amont, et s'inscrire dans une démarche éducative positive en termes de « bonnes pratiques ».

La copie du devoir d'un ami

Les résultats se révèlent plus préoccupants sur cette question : seulement un élève sur deux en fin de LGT qualifie de plagiat la copie du devoir d'un ami qu'il faut remettre à un professeur. Ils ne sont même qu'un sur trois en fin de collège et de LP.

Si le pragmatisme (urgence, moindre effort cognitif) l'emporte certainement sur l'éthique, il faut toutefois espérer qu'une action éducative puisse constituer une réponse. Dans ce sens, il faudrait appuyer la réflexion sur deux postulats distincts, l'un éthique, l'autre cognitif. Le premier part de l'analyse selon laquelle l'ami dont je copie le devoir n'est pas considéré comme un auteur, l'auteur du devoir en question. Dans ce cas, les principes de propriété intellectuelle et de droit d'auteur n'auraient pas à s'appliquer. Le second postulat, propre à tout apprentissage, prend acte de la démission du sujet apprenant lorsque celui-ci tente d'échapper à l'effort cognitif qu'exige toute construction personnelle de connaissances.

Comparaison avec les enquêtes CREPUQ 2003 et EDUDOC 2008

Question 24 : Comparaison avec les enquêtes CREPUQ et EDUDOC

Le questionnaire FADBEN a été recentré sur la notion de plagiat. Si l'idée générale du questionnaire CREPUQ de référence a été conservée, il ne partage en fait qu'un seul critère avec celui-ci. Aussi est-il difficile d'établir une comparaison pertinente. Au mieux peut-on observer une forte analogie, notamment pour le LGT (64,1%) dans la moyenne des résultats partiels, ce qui permet d'inférer que le score des lycéens français pourrait être proche de celui des étudiants canadiens (27,6%), c'est-à-dire très faible.

Le critère partagé porte sur la reprise mot pour mot « à partir d'un document sans dire d'où il vient » par le biais d'un copier-coller dans le questionnaire FADBEN, d'un paragraphe d'une page web dans le questionnaire CREPUQ. Là encore les scores sont proches : 87% chez les étudiants et 83% chez les lycéens. Le CREPUQ faisait alors remarquer que les étudiants « semblent être sensibilisés à la nécessité de citer la source dans le cas où ils reproduisent un texte intégralement »... mais pas dans les autres. Cette connaissance se révèle en effet beaucoup moins bien établie lorsqu'il s'agit, dans l'enquête canadienne, de paraphraser un texte dans une page web (30,0%) ou, dans l'enquête française, de copier le devoir d'un ami (52%).

  1. 14
  2. À noter

    La moyenne enregistrée par notre enquête (83%) est supérieure à celle de l'académie de Lyon (73,4%), déjà citée

  3. 15

    Six Degrés. Les usages d'Internet dans l'enseignement supérieur : « De la documentation au plagiat ». Compilatio.net, 2008. Disponible sur http://www.compilatio.net/files/080521_sixdegres-univ-barcelona_univ-zaragoza_enquete-plagiat.pdf

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