Introduction

Avertissement : depuis le 1er janvier 2016, la FADBEN, Fédération des enseignants documentalistes de l'Éducation nationale, est devenue l'A.P.D.E.N., Association des professeurs documentalistes de l'Éducation nationale. Pour la clarté du propos, la FADBEN sera citée comme A.P.D.E.N. dans cette enquête, y compris en référence à des publications antérieures, si ce n'est pour les titres originaux.

Après avoir recueilli les avis sur le projet de décret, en 2014[1], l'A.P.D.E.N. (ex-FADBEN) et l'ANDEP ont souhaité consulter la profession sur l' application concrète du décret et de la circulaire relatifs aux obligations de service et aux missions des personnels enseignants[2]. L'observation des échanges sur les listes de diffusion professionnelles et sur les réseaux sociaux en ligne nous ont conduits à formaliser une enquête afin de pouvoir dégager une analyse fine sur les conditions de mise en œuvre du décret.

En juin 2014, l'enquête aboutissait à plusieurs conclusions, dont nous reproduisons quelques extraits ci-dessous :

« A moyens constants, sans rien perdre de l'originalité et de la richesse de la profession, des éléments de réflexion sont envisageables. Il s'agit d'abord d'admettre que les six heures définies hors EPLE peuvent ne pas servir uniquement aux relations extérieures [...]. Il ne peut être question de justifier de l'utilisation de ces heures, qui constituent un besoin théorique et pratique qui ne fait pas discussion, d'autant plus qu'un besoin lié aux relations extérieures peut émerger sur le temps de service en EPLE, sans que cela doive poser de problème d'absence en ordre de mission et sans avoir à rattraper les heures concernées. La reconsidération de l'utilisation de ces heures peut être un élément de réponse. »

« L'éventualité doit pouvoir être posée pour le professeur documentaliste d'assurer un minimum de six heures hebdomadaires de séances pédagogiques, selon la quotité horaire moyenne exprimée dans cette enquête, avec ou sans collaboration, en considérant effectivement qu'une partie de la préparation et de l'évaluation se fait sur le reste du service. Il ne serait pourtant pas si absurde de considérer qu'un professeur documentaliste puisse, de droit, réduire d'autant son temps maximal de service. Mais cela ne doit pas non plus constituer une limite et l'on doit pouvoir envisager un nombre de séances hebdomadaires plus important, jusqu'à 10 heures, au maximum, par exemple. Précisons que dans l'enseignement agricole, avec un programme institué en information-documentation, toutes les heures de séances pédagogiques sont comptabilisées pour deux heures dans le service. »

« [...] »

« Bien sûr, cette définition d'un service d'enseignement ne va pas sans la définition préalable, à moyens constants, d'un curriculum en information-documentation, [...]. »

« A moyens non constants, dans un ordre de priorité budgétaire différent qui donnerait davantage de considération au développement de la de culture informationnelle des élèves, on ne peut laisser de côté la revendication essentielle d'un professeur certifié de documentation recruté par établissement, augmenté d'un par tranche de 400 élèves au-delà de la première tranche. Ce qui permettrait d'envisager des formations d'environ 6 à 14 heures pour chaque élève, selon que l'on intervienne en demi-classes ou en classes entières, pour un service minimal hebdomadaire d'enseignement de 6 heures. Une autre option, substitutive et/ou complémentaire, consiste en un recrutement d'aide-documentaliste, ou d'assistant documentaliste, permettant, selon des calculs à cerner, l'ouverture du CDI quand le professeur documentaliste en est absent pour des raisons relevant de ses missions. Restons donc ambitieux, en cette période budgétaire contrainte, en gardant à l'esprit que des moyens constants permettent aussi la mise en œuvre de politiques favorables au développement d'un curriculum en information-documentation et à l'évolution du statut des professeurs documentalistes. »

« Le décret n'est pas satisfaisant. L'A.P.D.E.N. y a relevé des éléments potentiellement positifs, conditionnés à la prise en compte de certaines modifications, lesquelles n'ont pas été retenues lors du Comité technique ministériel du 27 mars 2014 ou lors des discussions précédentes. De même, toutes les demandes adressées au Ministère pour la constitution d'un groupe de travail sur la profession, regroupant les associations professionnelles et les syndicats représentatifs, n'ont jamais reçu de suites, alors même qu'un travail comparable a été effectué pour d'autres corps, en particulier celui des CPE. Plus de 90 % des professeurs documentalistes ayant répondu à la présente enquête souhaitent une évolution statutaire, sans trouver satisfaction dans le texte du décret, ce qui ne peut faire l'impasse sur une réflexion nationale après la publication de ce décret. »

Ce long extrait permet de constater qu'il n'y a pas eu d'évolutions réelles entre le projet présenté au printemps 2014 et les textes définitifs d'août 2014 et d'avril 2015, tant les interprétations diffèrent.

La présente enquête interroge la mise en pratique des textes, au regard de l'investissement pédagogique des professeurs documentalistes. L'ensemble des questions est proposé en annexe à cette analyse, avec la référence aux questions traitées au fur et à mesure de l'analyse.