Conclusion

L'enquête nous permet de mesurer les premières conséquences de la réforme du collège, mais aussi l'évolution de la mission pédagogique du professeur documentaliste, quel que soit le type d'établissement. L'évolution est au mieux stagnante, le plus souvent négative.

Le nombre de professeurs documentalistes qui ne proposent aucune séance pédagogique est en augmentation, et notamment de manière très nette au collège (passant de 4 à 13 %), plus dans le public que dans le privé, avec par ailleurs des collègues qui effectuent davantage d'heures quand ils en proposent, d'où une moyenne en stagnation ailleurs qu'en collège. Plus globalement, alors que la moyenne hebdomadaire était de 7 heures environ dans les enquêtes menées de 2013 à 2016, elle se réduit à 5,7 heures puis 4,9 heures sur les deux dernières années scolaires, avec une baisse nette en collège sur les deux années de 6,5 à 5,8 heures, soit une diminution de 15 et 30 %.

Si un nombre conséquent de collègues disposent d'heures désignées dans leur domaine d'enseignement, le pourcentage baisse de 10 points en collège, et l'on est loin d'une majorité dans les autres types d'établissement. L'accompagnement personnalisé (AP) et les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) sont investis, comme les professeurs documentalistes s'adaptent généralement aux nouveaux dispositifs pour développer leurs séances, mais avec des contraintes telles que l'on se situe bien en-deçà de ce qu'ils peuvent souhaiter, sans légitimité à prendre en charge clairement l'AP, sans capacité de responsabilité pleine et entière en EPI.

Ces observations sont d'autant navrantes que les professeurs documentalistes, selon nos enquêtes, sont investis dans les apprentissages info-documentaires, qu'ils ont intégrés au fur et à mesure des années les enjeux nouveaux et les concepts ou notions développés et définis par la recherche. Ils sont bel et bien présents pour prendre en charge l'éducation aux médias et à l'information (EMI), plus de 70 % en collège, mais avec des difficultés pour simplement développer des séances, pour en faire un nombre satisfaisant pour les élèves, pour engager des collaborations avec l'ensemble des enseignants.

Dans ce contexte, la réaffirmation d'un seuil maximal hebdomadaire d'enseignements apparaît comme un obstacle parfois insurmontable en collège, pour ne pas dire absurde au regard des réalités locales. C'est aussi la difficulté pour les professeurs documentalistes de travailler avec les autres enseignants, ou l'inverse d'ailleurs, du fait notamment d'une absence de formation au travail en collaboration dans l'enseignement, avec un élan très différencié donné par les inspecteurs de discipline à ce type de collaboration, quand bien même elle est inscrite dans les textes officiels, notamment dans les programmes. Enfin, le manque de temps, devant l'ensemble des taches, et le manque de personnel, vis-à-vis du nombre d'élèves, sont une difficulté présentée depuis plus de trente ans. La nécessité d'un nombre de professeurs documentalistes en proportion du nombre d'élèves est évidente, voire d'autres personnels pour l'accueil et la gestion. Les besoins sont alors dépendants de réalités académiques variées, supposant un cadrage national strict, alors, pour engager une évolution positive.