3.1. Les budgets (401) : de trop grandes disparités

724 répondants renseignent le budget 2015, de 150 à 20 000 euros (nous écartons le budget 0, qui suppose une problématique extraordinaire, en cinq occurrences, et le budget 80 000 dans un lycée de l'Ain – quand bien même serait-il réel, il ne présente aucun intérêt statistique). 410 répondants renseignent le budget 2012, de 100 à 23 800 euros. Enfin 295 donnent le budget 2009, de 100 à 20 000 euros.

Une référence intéressante est ici celle de chiffres donnés par Jean-Louis Durpaire, IGEN-EVS, en janvier 2008, lors d'une réunion des interlocuteurs académiques de documentation[1], qui « considère le budget global consacré aux acquisitions en CDI , évalué à 43 millions d'euros (sur la base en collège une dépense moyenne de 5 euros par élève et en lycée de 8 à 10 euros par élève) ». Associée aux chiffres donnés par la Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) en 2014[2], on peut extrapoler notre panel[3] pour chaque année 2009, 2012 et 2015 afin de comparer nos chiffres avec ceux donnés en 2008.

Notre panel concerne ici sur une somme de 2,7 millions d'euros pour le budget 2015. L'extrapolation porte le budget national à 41,8 millions d'euros. En 2012, avec 1,6 millions d'euros, l'extrapolation porte à 44,5 millions d'euros. Enfin, en 2009, avec 1,1 millions d'euros, l'extrapolation porte à 44,8 millions. Chiffres très intéressants donc, en ce qu'ils sont en adéquation avec une estimation présentée par l'IGEN-EVS en 2008, avec de notre côté, depuis 2009, une tendance à la baisse, qui n'est pas une surprise, plus lourde entre 2012 et 2015.

Le budget net en lui-même n'est pas intéressant à étudier. Nous regarderons donc uniquement le rapport [Budget] / [Nb d'élèves], afin d'observer le ratio tel qu'il est mis en valeur au niveau d'un budget global de l'établissement, là précisément pour le CDI.

Pour 2015, nous disposons de 722 ratios, allant de 0,27 à 41,4 euros par élève, avec une moyenne de 5,9 euros par élève en collège, 7,1 euros en lycée GT, 8,5 euros en lycée professionnel. Mais il existe bien sûr de grandes disparités, visibles dans le tableau ci-dessous, avec le choix de plages de deux euros, mais en considérant bien sûr qu'un euro de différence par élève sur un collège de 500 élèves, équivaut à une différence budgétaire de 500 euros, ce qui est énorme en regard d'une moyenne budgétaire en collège de 2 700 euros (Tableau 3).

Tableau 3 : Distribution des établissements, en pourcentage, selon le ratio [Budget] \ [Nb d'élèves]

Précisons qu'aucun CDI d'un collège APV ne touche moins de deux euros par élève, mais avec un report sur la tranche supérieure seulement. Les CDI en REP n'ont rien à envier aux autres, et les CDI en REP+ sont défavorisés, ce qui est une surprise révélée par cette enquête quand on sait que ces établissements ont des budgets souvent supérieurs à la normale, mais a priori donc sans que le CDI y soit une priorité.

L'analyse des sept académies qui ont fourni le plus de réponses permet de mesurer quelques écarts nationaux, selon le Tableau 4.

Peuvent ainsi se démarquer l'académie de Rennes, dont les taux sont plus importants pour les collèges et lycées GT. L'implantation plus importante de l'enseignement privé peut constituer une partie d'explication. L'académie de Nantes se démarque également.

A l'échelle du département, en charge des collèges, on peut également relever quelques inégalités, si tant est qu'elles puissent être significatives, même si l'on garde ici, hormis l'Ardèche, des départements pour lesquels, dans les sept académies, nous avons plus de cinq réponses (Tableau 5). On voit alors se démarquer le Morbihan, dans l'académie de Rennes, avec surtout des chiffres bas pour les Côtes d'Armor. Dans l'académie de Nantes, le département de la Vendée est bien au-dessus des autres.

Pour les lycées GT, on peut constater des moyennes trop faibles dans les académies de Créteil, de Grenoble, de Versailles. En départements, les CDI de collège, parmi ces sept académies, sont particulièrement mal considérés, en moyenne, dans le Val-de-Marne (Créteil), l'Isère (Grenoble), les deux départements du Nord et du Pas-de-Calais (Lille), dans l'Essonne et dans le Val d'Oise (Versailles).

Tableau 4 : Ratios académiques selon le type d'établissements
Tableau 5 : Ratio en collège par département (dans cinq académies)

Les années précédentes, 2012 et 2009, nous permettent d'estimer l'évolution du ratio par type d'établissements. En 2012, avec 379 ratios, les moyennes sont de 6,2 euros par élève en collège, 8,2 euros en lycée GT, 9,5 euros en lycée professionnel. En 2009, avec 274 ratios, les moyennes sont de 6,1 euros par élève en collège, 8,7 euros en lycée GT, 10 euros en lycée professionnel. La baisse relevée sur le budget national ressort donc logiquement sur le ratio, avec une estimation plus parlante en termes de budget donné par élève au niveau des acquisitions du CDI.

Il convient bien sûr de prendre en considération les effets néfastes de la réforme budgétaire, la LOLF, dite de simplification, quand parfois les lignes CDI ne sont plus clarifiées et quand les gestionnaires demandent un projet qui devrait sans doute être à discrétion du professeur documentaliste tant la gestion d'un CDI fait partie de ses compétences professionnelles. Il convient de comprendre une réalité globale d'évolution à la baisse, également, certes, mais d'observer toutefois que celle-ci n'est pas répercutée de la même manière dans chaque établissement, avec 145 CDI sur 374 qui voient leur ratio augmenter entre 2012 et 2015, soit 38,8 %, quand 8,6 % d'autres ne bougent pas, ce qui nous éloigne bien d'un discours fataliste !

Si le ratio est un indicateur important, il faut sans doute le dépasser pour proposer une règle correcte et généralisable. En effet, si l'on estime un ratio minimal de 5 euros par élève, il faut convenir qu'un budget de 1 000 euros pour 200 élèves n'est pas viable pour proposer une diversité du fonds, en termes d'abonnements de presse, de livres documentaires, de fictions et de ressources numériques. Il faut plutôt convenir d'une base minimale de 1 500 à 2 000 euros, et considérer ensuite un ratio minimal de 5 euros par élève en dehors de toute dépense relative à la solution documentaire et aux besoins matériels du CDI, tout dépassement de ce ratio étant bien évidemment bénéfique.