Introduction

Le métier de professeur documentaliste comporte des axes de mission variés, avec quatre éléments distincts et complémentaires dans la circulaire de missions de 1986, relative aux personnels exerçant dans les CDI[1]. Le professeur documentaliste « assure, dans le centre dont il a la responsabilité, une initiation et une formation des élèves à la recherche documentaire », son action « est toujours étroitement liée à l'activité pédagogique de l'établissement », il « participe à l'ouverture de l'établissement », il « est responsable du centre de ressources documentaires multimédia ». Si cette circulaire est obsolète à maints égards, avec quantité d'expressions et de termes tellement datés que la valeur du texte pourrait faire sourire, elle n'en reste pas moins une référence obligatoire pour l'exercice du métier.

Le référentiel des compétences professionnelles des métiers du professorat et de l'éducation[2], publié en juillet 2013, donne également, voire davantage, de l'importance au rôle pédagogique du professeur documentaliste, partageant d'abord les compétences communes à tous les professeurs avant d'être concerné par des compétences spécifiques. Au-delà d'un axe principal, on retrouve quatre axes parmi les compétences spécifiques, le rôle pédagogique énoncé dans les compétences communes à tous les professeurs, autour d'un domaine d'enseignement qui relève d'une « culture de l'information et des médias ». Il ne s'agit pas là de préciser la mission, mais les compétences, avec des connaissances théoriques relatives aux médias et à l'information, avec la capacité de développer une politique documentaire dans un établissement scolaire, celle de gérer le CDI et de diffuser l'information dans l'établissement, enfin celle de participer à l'ouverture de l'établissement « sur l'environnement éducatif, culturel et professionnel, local et régional, national, européen et international ».

L'évolution, s'il y en a une, relève de quelques grandes étapes. Depuis le début des années 2000, la formation au concours et les contenus théoriques du CAPES relèvent des Sciences de l'information et de la communication. En 2004, l'IGEN-EVS, dont dépend la Documentation, adapte aux établissements scolaires le concept de « politique documentaire », qui vient des bibliothèques, avec une volonté d'inscrire l'ensemble du travail pédagogique et gestionnaire des professeurs documentalistes dans cette politique documentaire[3]. En 2010, l'IGEN-EVS a proposé un parcours dit PACIFI, dans lequel il s'agissait de proposer une mise en œuvre collective des apprentissages info-documentaires, avec les autres enseignants, les professeurs documentalistes apparaissant comme « maître[s] d'œuvre » de ces apprentissages. En 2012, l'IGEN-EVS développe l' idée de Centres de connaissances et de culture[4], adaptation du concept de Learning centre, pour remplacer les CDI et renforcer la volonté de politique documentaire.

Dans ce contexte, après une enquête en 2013 sur les apprentissages info-documentaires[5], une autre en 2014 sur les questions statutaires[6], il nous a paru important, en tant qu'association professionnelle, de développer en 2015 une enquête sur les questions relevant de la gestion du lieu, de la gestion documentaire, de l'accès à la lecture et de l'ouverture culturelle. Cette enquête nous permet d'avoir une visibilité sur les réalités de terrain, mais aussi sur le ressenti des collègues au sujet des évolutions des politiques nationales et territoriales, relatives au lieu et aux priorités pour la culture. Dans une actualité de réforme, quand les deux enquêtes précédentes participaient aux échanges entre l'association professionnelle et l'institution, cette dernière enquête engage un regard complet et critique sur la profession, avec des liens évidents entre chaque consultation.

Le questionnaire de cette enquête a été réalisé dans la continuité des deux enquêtes précédentes avec, spécifiquement pour le thème abordé, des inspirations prises parmi les questionnaires annuels envoyés aux professeurs documentalistes de l'académie de Versailles, par l'inspection académique jusqu'en 2012/2013 (le contenu de ces questionnaires ayant fortement changé depuis). Il a par ailleurs été donné beaucoup d'espaces d'expression libre à travers cette enquête, pour développer arguments, ressentis et réflexions sur certaines questions vives, de même sur l'ensemble des axes de mission du professeur documentaliste.

L'ensemble des questions est proposé en annexe à cette analyse, avec la référence aux questions traitées au fur et à mesure de l'analyse.