Enquête diagnostique des connaissances en information-documentation des élèves du secondaire en France

Notion ciblée : Éthique de l'information (question 24)

L'enquête réalisée dans l'académie de Lyon a mis en relief l'importance de l'action éducative à réaliser à l'école en établissant que « les élèves cherchent quasiment uniquement sur Internet et principalement depuis chez eux » ( Alexandre Serres[1]). Le temps passé pour conduire des recherches d'information au CDI étant par conséquent très réduit (21,4% en 6ème, 2,2% en 4ème, 18,7% en 2nde, 8,8% en Terminale), il convient d'inscrire ces besoins de formation au cœur des apprentissages info-documentaires.

Typologie des pratiques de plagiat

Notre enquête se rapproche d'autres études pour montrer que le plagiat à l'école peut avoir différentes causes :

  1. Plagiat de contournement, ou d'évitement de l'apprentissage : ce sont les cas où l'élève réalise une économie cognitive substantielle en refusant de fournir un effort intellectuel pour intégrer une connaissance jugée trop complexe ou trop importante. Cette « paresse cognitive » peut être articulée à un manque de temps (certaines connaissances nécessitent du temps pour être assimilées) ou à un désintérêt du sujet cognitif pour le domaine de connaissance considéré. Plagier, d'un point de vue pragmatique strict, permet ainsi de répondre à la seule demande formelle d'un professeur –pour tout ou partie d'un devoir - sans pour autant répondre à sa demande didactique.

  2. Plagiat d'omission, dans le but de s'attribuer l'idée d'un autre : ce sont les cas où l'élève répond à une demande didactique, puisqu'il fait l'effort d'intégrer une idée qui lui était étrangère, mais sans mentionner à qui il doit celle-ci. Cette « omission » peut avoir deux causes :

    • plagiat d'omission par ignorance : soit l'élève ignore les enjeux du référencement et ceux du droit d'auteur, soit il les reconnaît mais ne maîtrise pas, ou ne dispose pas des règles techniques pour le faire ;

    • plagiat d'omission par intention : l'élève connaît les enjeux, la règle scolaire et les règles techniques, mais décide délibérément de les enfreindre pour atteindre son but, qui est la réussite de son devoir.

La réponse éducative doit par conséquent être plurielle.

Le plagiat dit de « contournement », sans doute le plus difficile à combattre, doit pouvoir être réduit, quelle que soit la discipline, par des exigences de contenu davantage personnalisées, afin de mieux correspondre aux intérêts et aux possibilités cognitives des élèves. L'accompagnement peut également aider ces élèves à surmonter les obstacles de type cognitif, méthodologique, organisationnel et de gestion du temps.

Le plagiat d'omission par ignorance semble le plus facile à contenir, en permettant à l'élève, d'une part, de prendre conscience des enjeux scientifiques, éthiques et législatifs du respect du droit d'auteur et, d'autre part, de connaître et de maîtriser les règles techniques de la citation et du référencement bibliographique. Ces contenus d'enseignement sont généralement déjà intégrés dans les formations info-documentaires conduites par les professeurs documentalistes.

Le plagiat d'omission par intention se combat avec l'arsenal dissuasif des sanctions prévues par l'établissement. Le rappel à la règle scolaire ou universitaire et le rappel à la loi ne doivent cependant pas dispenser de mettre à disposition des élèves les outils indiquant les règles à suivre.

Savoirs scolaires de l'information-documentation relatifs à la lutte contre le plagiat

La lutte contre le plagiat peut prendre les deux aspects de la répression et de la prévention par la formation. C'est dans cette seconde direction que l'information-documentation se montrera la plus contributive, en permettant à l'élève de construire les connaissances et les savoir-faire nécessaires à la mise en place progressive des bonnes pratiques. Les objets scolaires de ce domaine pourraient être présentés ainsi :

1. Le droit d'auteur

  • Construire des notions : il s'agira ici de sensibiliser au droit d'auteur, lequel nécessite de construire les notions d'auteur et d'œuvre. S'agissant des œuvres, les élèves doivent également penser à appliquer ce droit non seulement à l'information textuelle, mais également à l'étendre aux autres types d'information qu'ils recherchent habituellement (images, infographies, données).

  • Comprendre des enjeux : les élèves doivent être sensibilisés aux enjeux scientifiques (remonter la chaîne des idées), éthiques (revenir par exemple à l'étymologie latine plagium : « vol d'esclave ») et législatifs (voir comment on peut garantir la propriété intellectuelle).

  • Acquérir des savoir-faire : comment on peut repérer l'auteur d'un document, dans quels cas on doit le contacter, comment lire la licence garantissant le droit d'auteur, etc.

2. La prise de notes lors de la recherche d'information

Des savoir-faire à mobiliser lors de l'extraction d'informations :

  • Sur support imprimé, développer une stratégie de référencement de l'information ;

  • Sur support numérique en ligne, utiliser un document de collecte associant le copier-coller de l'URL à chaque extraction d'information d'une page web. L'URL permettra, pour les informations retenues, de remonter au document afin de compléter la référence.

3. La citation

Il faudra apprendre à distinguer la citation directe (copie telle quelle d'un extrait de texte que l'on place entre guillemets) de la citation indirecte, ou paraphrase (formuler avec ses propres termes les idées d'un auteur) et les accompagner d'une référence. Dans les deux cas, différentes connaissances doivent être construites :

  • Construire des notions : celles de « citation » et de « paraphrase » ;

  • Comprendre les enjeux scientifiques et éthiques de ces deux types de citations ;

  • Développer des savoir-faire, tels que savoir inscrire une citation dans son devoir en respectant les règles techniques propres à chaque type de citation, savoir référencer une citation.

D'un point de vue didactique, l'insertion d'une ou de plusieurs citations directes ou indirectes devrait faire partie des consignes de réalisation du document demandé à l'élève.

De même, un exercice préalable possible consisterait à leur faire repérer ces types de citation dans des textes scientifiques ou journalistiques, et à leur faire découvrir par eux-mêmes les règles techniques utilisées par ces auteurs.

4. Le référencement bibliographique

Comprendre le sens de la référence bibliographique constitue un objectif d'une portée supérieure au seul respect de la norme. Les élèves doivent être guidés dans la perception de cet enjeu de nature autant scientifique (comment un savoir s'élabore collectivement par les échanges que permettent ces références) qu'éthique (le respect de l'autre et de ses productions intellectuelles).

La compréhension de la norme (à aménager selon le niveau des élèves) et son respect amènent à prendre conscience du travail de l'auteur et de l'éditeur et à valoriser ceux-ci.

Enfin, l'élaboration par l'élève d'une bibliographie en fin de réalisation d'une production documentaire devrait l'aider à comprendre que l'on peut s'acquitter de notre dette intellectuelle.

  1. 20

    Serres Alexandre. Dans le Labyrinthe : Évaluer l'information sur internet. C&F, 2012

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