2023
juil.
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L’EMI l’affaire de tous·tes et surtout des profs docs

Compte rendu de la séance plénière du COP Clemi du 29 juin 2023

Le jeudi 29 juin 2023, c’est au siège de l’Arcom [1], que s’est déroulée la dernière séance du Conseil d’Orientation et de Perfectionnement (COP) du CLEMI, Centre le liaison des l’enseignement et des médias d’information, appelé aussi Centre pour l’éducation aux médias et à l’information.

Membre de ce COP depuis début 2022, l’A.P.D.E.N., en la personne de sa présidente, Carolane Bonnaud, a pu y représenter les professeur·es documentalistes.

Après un mot d’accueil de Bénédicte Lesage, membre de l’ARCOM, qui préside notamment le groupe de travail "Éducation aux médias, transition écologique et santé publique", diverses interventions se sont succédé, ponctuées de courts échanges entre les participant·es.

1. Nathalie Sonnac, présidente de la COP du CLEMI

Nathalie Sonnac a débuté la session par un bilan des actions de l’année 2023 :

  • un nombre accru de référent·es EMI ;
  • davantage de formations proposées par le CLEMI ;
  • développement des partenariats (secteur radiophonique, Fleurus Presse, Milan) et des coopérations internationales (Europe et Desinfox Afrique) ;
  • des audiences auprès des parlementaires,
    etc.

Trois groupes de travail ont été initiés :
• pour la création d’une plateforme de ressources ;
• pour développer le partenariat avec l’enseignement supérieur ;
• pour faire le pont entre école et Média.

2. Violette Spillebout, pour la mission Flash de l’Assemblée Nationale

Violette Spillebout, députée Renaissance dans le Nord, a présenté le bilan des travaux menés dans le cadre de la mission Flash qu’elle a dirigée avec Philippe Ballard, député RN de l’Oise. Cette mission a produit un rapport basé sur une centaine d’auditions menées pendant trois mois et demi et à laquelle l’A.P.D.E.N. avait participé par l’envoi de contributions écrites. Ce document s’achève par une dizaine de propositions [2].

Violette Spillebout, en coopération avec Sylvie Merviel, a ensuite poursuivi sa réflexion dans un document intitulé Armer chacun dans la guerre de l’information qui soumet 36 propositions [3].

Les recommandations s’appuient sur l’existant. Violette Spillebout affirme notamment que les professeur·es documentalistes ont des compétences à faire valoir. Elle envisage un enseignement dès le CM1, avec l’EMI comme discipline à part entière et des professeur·es documentalistes au cœur des dispositifs d’enseignement renforcés, tout en préconisant des interventions extérieures et une prise en charge de ce domaine par tou·tes les enseignant·es.

Des représentant·es d’une association d’éducation populaire, les Francas, notent que tout ne se joue pas à l’école. Un travail est fait mais celui-ci dépend des politiques territoriales qui peuvent être très variables d’une commune à l’autre. Un suivi des politiques territoriales paraît nécessaire. Une représentante de l’association Entre les lignes, association de journalistes animant des ateliers pour les jeunes, rebondit sur la remarque. Elle insiste sur le fait que l’association a reçu énormément de demandes mais n’a pu toutes les satisfaire. Elle a déjà eu l’occasion de travailler avec les Francas qui ont une action admirable. Cependant le maillage de ce genre d’associations en France est inégal avec des zones difficiles à atteindre. Elle salue le travail de chacun·e et insiste sur le fait qu’il est nécessaire d’œuvrer ensemble et non de se concurrencer.

La représentante des personnels administratifs intervient pour signaler que des dispositifs, tel que le CESCE, permettent déjà aux enseignant·es, dont les professeur·es documentalistes, d’agir en faveur de l’EMI sans que cela ait à rentrer dans les programmes.

Une représentante du Ministère de l’Éducation Nationale intervient pour noter les avancées apportées par le Pass culture dans le financement des interventions et précise que le temps d’enseignement de l’EMC sera doublé pour inclure l’EMI. Elle souligne aussi que les professeur·es documentalistes ne sont pas les seul·es enseignant·es capables de prendre en charge cet enseignement mais que tou·tes les professeur·es ont leur expertise à apporter sur ces enjeux.

3. Alain Fontan, directeur RSE de France Télévisions

Alain Fontan, présente tout d’abord les actions menées par France Télévisions : l’accueil de groupes scolaires dans leurs locaux, Lumni et l’ensemble de ses programmes consacrés à l’EMI, etc. Il fait ensuite un point sur le Tour de France de l’Éducation aux médias, à l’Information et à la citoyenneté. Ce Tour de France, organisé en partenariat avec le CLEMI et l’Éducation Nationale, a été l’occasion de temps d’échanges et de réflexion sous forme de tables rondes et d’ateliers proposés aux enseignant·es. Trois villes sont au cœur de cet événement : Amiens, Rennes et Cayenne. La participation de Marseille a été annulée en raison des mouvements sociaux mais l’événement sera reporté. Alain Fontan annonce la création d’une nouvelle série documentaire SPAM (Savoir Penser Analyser les Messages), sous forme d’entretiens de professionnel·les de l’information menés par des enseignant·es formé·es.

4. Philippe Barbat, directeur de la Maison du dessin de presse

Phillipe Barbat, archiviste paléographe et ancien directeur général des patrimoines, présente la future Maison du dessin de presse. Relancé régulièrement depuis les années 1980, le projet a été pensé plus sérieusement après les attentats de Charlie Hebdo et le meurtre de Samuel Paty. Son ouverture est prévue en 2026.

Conclusion

Ce COP fut l’occasion de voir que l’EMI convoque une diversité d’acteurs, réunis à l’initiative du CLEMI. Si les professeur·es documentalistes sont régulièrement évoqué·es, on n’en a pas moins l’impression que leur rôle passe souvent derrière la priorité donnée à d’autres acteurs. L’absence d’échanges à proprement parler sur les contenus, l’absence de groupe de travail sur un programme ou un curriculum en EMI, sur les articulations entre l’EMI et l’information-documentation, sont sans doute la raison d’un flottement politique sur ce ou ces domaines d’enseignement.

Si l’EMI dépasse largement le cadre scolaire et peut en ce sens être portée par de nombreux acteurs, il nous paraît nécessaire de préciser l’enseignement apporté à l’école au risque d’une dilution des responsabilités et d’un accès inégal des élèves à ces apprentissages. Avec leur enseignement en information-documentation, les professeur·es documentalistes pourraient, dans un cadre mieux défini, apporter leur juste part à une généralisation ambitieuse de l’EMI dans un cadre interdisciplinaire. C’est en tout cas au sujet de ce que recouvre l’EMI et l’information-documentation, de ce qui relève d’une culture des médias et de l’information, que l’A.P.D.E.N. souhaite apporter sa contribution et insister auprès du CLEMI lors de prochains échanges.

Notes

[1Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique qui a remplacé le CSA en 2022

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