2.2. Types d'intervention : entre adhésion aux nouveautés et inscription spécifique (303)

On observe que beaucoup de collègues disposent d'heures désignées dans leur domaine de spécialité, l'information-documentation, l'éducation aux médias et à l'information, ou encore l'initiation à la recherche documentaire (Graphique 11). Cette dernière, provenant de la circulaire de 1986, l'emporte sur les autres, expressions plus récentes, avec un certain élan vers l'utilisation de l'éducation aux médias et à l'information, apparue dans la loi pour la Refondation de l'Ecole de la République en 2013, pour le collège. Si l'IRD est particulièrement restrictive, quand l'info-doc et l'EMI englobe également le recul critique sur les médias et TICE ou encore les questions éthiques et légales relatives à l'information, on sait, notamment par l' enquête de 2013 sur les apprentissages info-documentaires[1], que l'emploi de l'expression peut souvent présenter en réalité des éléments plus larges que ce qu'elle désigne. Ainsi pour au moins l'une des trois options, notons un écart important entre le collège (57,5 %, contre 67,5 % en info-doc en 2016), et les autres types d'établissement, cité scolaire (30,5 % contre 29,4 % en 2016), lycée professionnel (29 % contre 9 % en 2016) et le lycée GT (16,6 % contre 18 % en 2016). Notons encore une diminution pour le collège, logique en regard des observations précédentes sur le nombre de séances hebdomadaires. En lycée professionnel, par contre, nous observons une évolution positive ; même si la base est moins significative qu'ailleurs, avec 186 réponses, on peut estimer toutefois une appropriation de l'éducation aux médias et à l'information et de ses objectifs par une proportion plus importante de collègues.

Graphique 11. Heures désignés en info-doc, EMI et/ou IRD chez les collègues ( %)

Dans le cadre de la réforme du collège, deux éléments phares apparaissent dans l'organisation des enseignements, qui concernent plus ou moins les professeurs documentalistes, ce sont l'accompagnement personnalisé (AP), qu'on observait déjà un peu en collège, mais qui existait clairement déjà en lycée, et les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI), qui n'existent qu'en collège depuis septembre 2016. Si ces deux dispositifs dépendent en théorie de la dotation horaire globale (DHG), qui ne concerne pas directement les professeurs documentalistes dans la conception des grilles horaires pour les élèves, ces professionnels intègrent parfois ces cadres (Graphique 12). Quand on sait la volonté historique des professeurs documentalistes pour investir de nouveaux dispositifs, comme ce fut le cas pour les TPE, pour l'histoire des arts, par exemple, notamment car ils leur permettent d'exercer une grande partie de leur mission pédagogique, en collaboration avec leurs collègues, on ne peut être surpris de voir les collègues, en collège, déjà s'intéresser de près à l'AP et aux EPI.

Graphique 12. Accompagnement personnalisé (AP) et enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI)

Ainsi pour l'AP cela concerne 44,3 des répondants en collège[2], en augmentation, 61 à 67 % en lycée professionnel et lycée GT[3], en baisse constante. L'écart entre public et privé se réduit largement, à 52,2 % et 42,2 %, contre 40,2 % et 11,9 % en 2016, avec en fait un écart réel pour le lycée GT (70,6 % et 44 %), quand il y a un équilibre par ailleurs. En outre, on voit que l'accompagnement personnalisé remplace finalement l'ensemble des dispositifs existants, si ce n'est en lycée professionnel, notamment l'aide aux devoirs et autres dispositifs d'aide aux élèves en difficulté, même si l'on conçoit que cet accompagnement personnalisé revêt dans la réalité d'autres choses qu'une prise en compte des individualités (Graphique 13). Ainsi l'aide aux devoirs, qui était déjà peu investie par les professeurs documentalistes sous forme de séances formalisées, tend à disparaître. Notons à ce niveau que les activités de médiation, activités pédagogiques informelles avec des élèves qui peuvent en avoir besoin, si elles sont mises en valeur par l'institution dans les projets de circulaire des professeurs documentalistes, ne revêtent pas pour autant la valeur de temps de soutien au même titre que ceux que proposent d'autres enseignants, notamment dans l'aspect financier de la question.

Graphique 13. Les formes d'accompagnement personnalisé, individualisé, de soutien...

Dans le panel, 944 professeurs documentalistes s'occupent de l'AP dans leur établissement. Si près d'un collègue sur cinq, parmi ceux-ci, travaille sur ce dispositif en classe entière, c'est loin d'être l'organisation la plus fréquente, avec surtout le dédoublement, notamment car ce peut être le seul moyen pour les professeurs documentalistes d'intervenir, légalement, avec la co-animation (Graphique 14). Notons tout de même des différences importantes entre public et privé, avec la classe entière plus fréquente dans le collège privé, le collège public voyant un plus grand recours au dédoublement, de même dans le lycée professionnel public.

Globalement neuf collègues sur dix, quel que soit le type d'établissement, intègrent l'information-documentation et/ou l'EMI (78 à 84 % partout sauf en collège à 71,4 %), et/ou l'IRD et la méthodologie (62 à 65 % partout sauf en lycée professionnel à 48,3 %). Un tiers des collègues intègrent d'autres contenus disciplinaires, jusqu'à la moitié en lycée professionnel, type d'établissement où l'on relève aussi le plus fort taux pour l'aide aux devoirs (8,6 %, contre 4,9 au collège, 2,5 et 1,8 % en cité scolaire et lycée GT).

Graphique 14. Organisation de l'accompagnement personnalisé (AP)

Les EPI sont investis en collège par 65,6 % des répondants, 30,5 en cité scolaire, 18,8 % en lycée professionnel et de manière très marginale en lycée GT (2,4 %, quand les collègues ont renseigné lycée GT pour un collège-lycée ou quand il y a des classes de Troisième dans le lycée).

Plus globalement la démarche de projet par l'élève, dans le cadre de dispositifs institutionnalisés, est un cadre que les professeurs documentalistes intègrent, globalement, si ce n'est en lycée professionnel, en particulier public (Graphique 15). Ainsi, avec les EPI en collège, les TPE en lycée, les deux en cité scolaire, 67 à 78 % des collègues sont concernés. En lycée GT, on observe toutefois une baisse importante pour les TPE (Travaux personnels encadrés), de 10 points, à 76,5 % des répondants[4], quand c'est une baisse de 15 points en cité scolaire, à 56 % des répondants[5].

Graphique 15. Les dispositifs institutionnels de projet de l'élève et les professeurs documentalistes

Dans le panel, 869 collègues travaillent sur les EPI, 783 en collège pour lesquels nous précisons le détail ici (Graphique 16). Il s'agit de questionner le mode d'organisation, mais aussi la capacité d'intervention. Notons déjà que, contre le principe théorique des EPI, un collègue sur dix propose un ou plusieurs EPI seul, mais souvent travaillant par ailleurs en binôme ou en trinôme sur un autre ou plusieurs EPI. La moitié des collègues travaillent seuls et/ou en binôme, tandis que l'autre moitié travaille en trinôme (voire avec trois ou quatre disciplines, précisent les collègues en commentaire). Sur la globalité, le tiers ne travaille qu'en co-animation, sans heures spécifiques donc dans l'EPI. En binôme le travail se fait notamment avec les collègues de français, d'histoire-géo, de SVT, mais aussi d'anglais.

Ainsi, si l'on peut estimer que la proportion de collègues engagés dans les EPI est importante, au regard d'un dispositif nouveau et qui peut être fréquemment contesté dans les établissements, on constate toutefois que l'intervention du professeur documentaliste peut relever de contraintes importantes, avec une difficulté, dépassée tout de même on le voit dans beaucoup de cas, parfois contre la légalité, de travailler sur des créneaux spécifiques avec les élèves. Plusieurs collègues, en commentaire, précisent qu'ils travaillent alors en dédoublement avec le collègue de la discipline, chacun prenant la moitié de la classe.

Graphique 16. Organisation de l'intervention du professeur documentaliste dans les EPI

Sous le vocable de « parcours », plusieurs actions sont susceptibles d'engager les professeurs documentalistes, quel que soit le type d'établissement (Graphique 17). C'est par exemple le Parcours Santé, peu investi, davantage en lycée professionnel (9,1 %), qu'en collège (5,1 %), cité scolaire (3,6 %) ou en lycée GT (1,2 %). Le Parcours d'éducation artistique et culturelle (PEAC), avec parfois subsistance de l'Histoire des Arts, se retrouve plus fréquemment, avec une légère progression, avec 18,8 % des répondants en lycée professionnel[6] pour le PEAC, 16,8 % en collège[7], 12,8 % en cité scolaire[8], mais 4,5 % seulement en lycée GT[9]. L'Histoire des Arts semble déjà appartenir à l'histoire ancienne, avec une persistance tout de même plus grande dans le privé. Globalement, elle concerne 12,8 % des répondants en collège[10], 9,2 % en cité scolaire[11], 8 % en lycée professionnel[12], 4,2 % en lycée GT[13]. Ces substrats, peut-être dans des établissements qui sont particulièrement satisfaits d'un dispositif, posent bien sûr la question des perspectives à moyen ou long terme de telles décisions politiques.

Le Parcours Citoyen est intégré différemment, en particulier dans la participation à l'enseignement moral et civique (EMC) et à l'ECJS, avec une stagnation, malgré une volonté institutionnelle forte, notamment dans l'intégration circonstanciée et superficielle de l'EMI dans l'EMC... En lycée GT, c'est toujours important, avec l'ECJS, pour 53,9 % des collègues[14], avec ensuite 39 % des collègues en cité scolaire[15], également concernés par l'ECJS, puis 25,3 % en lycée professionnel[16], 21,3 seulement en collège[17].

Enfin l'éducation aux médias, forme de parcours en ce qu'elle est considérée comme commune à plusieurs disciplines, concerne environ 60 % des professeurs documentalistes, quel que soit le type d'établissement.

Graphique 17. Parcours Santé, Citoyen, EAM et PEAC

Considérons à part le Parcours Avenir (ex-PDMF ou PIIODMEP), comme il peut dans un sens large prendre en compte l'orientation professionnelle sur des filières relativement courtes (Graphique 17). En tant que tel, sans les options et CCF, il est investi par 35,5 % des collègues exerçant en collège[18], 24,1 % en cité scolaire[19], 14,8 % en lycée GT[20] et 13,4 % en lycée professionnel[21]. Là encore, malgré une demande institutionnelle encore réelle, on constate que peu de collègues de collège intègrent des séances associées à l'orientation professionnelle des élèves dans leur travail pédagogique, avec une baisse globale par rapport aux enquêtes précédentes. Il faut ici rappeler que ce parcours, relativement éloigné des enjeux de l'information et de la documentation, ou de ceux des médias, ne permet qu'un apport pédagogique faible dans le domaine spécifique de l'information-documentation, pour un engagement qui peut être localement égal à celui d'autres professeurs.

La suppression des options réduit considérablement, logiquement, l'investissement dans la découverte professionnelle, quand bien elle est toujours possible. Toutefois, 20,4 % des collègues de lycée professionnel[22] participent au module DP6 (Découverte professionnelle 6 heures), avec une forte baisse par rapport aux années précédentes, à 28,6 % dans le privé contre 19 % dans le public. Également en lycée professionnel, 21,5 % des répondants[23] sont partie prenante du CCF (Contrôle en cours de formation).

Graphique 18. Parcours Avenir et options professionnelles

Les clubs, pour terminer, malgré un cadre qui peut être plus contraint, sont investis par 27,1 % des répondants de collège[24], 16,3 % de cité scolaire[25], 13,4 % de lycée professionnel[26] et 12,1 % de lycée GT[27].