2.1. Des apprentissages info-documentaires en forte diminution (300-302)

Les questions portant sur la mise en place d'apprentissages info-documentaires révèlent toujours une certaine diversité. Toutefois, les réponses données à deux questions doivent nous interpeller, à savoir si oui ou non les collègues proposaient des séances en 2015/2016 et en proposent en 2016/2017 (Tableau 2). En 2015/2016, sur 1 746 répondants en fonction, 4 % des collègues de collège ne proposaient pas de séances, 7,7 % de cité scolaire, 10,1 % de lycée GT, 14,2 % de lycée professionnel. Cette année, sur 1 849 répondants en fonction, on passe à 13 % en collège, 17 % en cité scolaire, 11,8 % en lycée GT, 16,7 % en lycée professionnel. Si les chiffres augmentent partout, on observe bien un effet particulier de la réforme en collège et en cité scolaire, indiscutable. Notons que pour ces deux types d'établissement, la perte est plus importante dans le public que dans le privé, quand c'est l'inverse en lycée professionnel, avec un écart de 12 points en lycée GT au détriment du privé.

Tableau 2. Séances assurées par le professeur documentaliste

La précision du nombre d'heures consacrées à des séances pédagogiques devant des groupes-classes est aussi éloquent. Rappelons d'abord que la moyenne globale s'établissait à 7 heures dans le panel 2013, 6,7 heures dans les panels 2014 et 2015, et 7,3 heures dans le panel 2016, avec une certaine stabilité donc. Selon la présente enquête, la moyenne pour 2015/2016 s'établit, pour 1 567 réponses, à 6,1 heures quand il y a au moins une heure (6,5 en collège, 5,6 en cité scolaire, 5,4 en lycée GT, 4,5 en lycée professionnel), et à 5,7 heures en tenant compte du pourcentage de collègues qui ne proposaient pas de séances (6,4 %). La moyenne pour 2016/2017 s'établit, pour 1 514 répondants, à 5,6 heures quand il y a au moins une heure (5,8 en collège, 5,7 en cité scolaire, 5,4 en lycée GT, 4,4 en lycée professionnel), et à 4,9 heures en tenant compte du pourcentage de collègues qui ne proposent pas de séances (13,4 %).

La diminution est réelle en collège, seulement sur le panel proposant au moins une heure. Si l'on peut estimer que le panel 2017 comprend des collègues en plus grand nombre à ne pas proposer de séances, que dans les panels précédents, alors on peut estimer une baisse de 0,5 heure par semaine et par an, sur trois ans, par professeur documentaliste, quand en parallèle l'éducation aux médias et à l'information est apparue dans les programmes de collège et quand plus globalement les enjeux d'un développement de la culture de l'information et des médias chez les élèves fait consensus. En considérant le pourcentage de collègues qui ne proposent pas de séances, on passe de 6,3 à 5,2 heures en collège, de 5,2 à 4,9 heures en cité scolaire, de 3,9 à 3,7 heures en lycée professionnel, avec un maintien à 4,8 heures en lycée GT.

Notons enfin que la baisse concerne surtout le collège public, avec une évolution de 6,3 à 5 heures, quand on stagne autour de 6,2 heures dans le privé.

Afin de rendre les résultats plus lisibles encore, dans un souci de complémentarité avec les éléments précédents, un regroupement est effectué par échelle de trois, en isolant la valeur nulle, puis en considérant la valeur 18 comme limite, permettant donc une présentation des résultats selon huit plages, avec le graphique issu de l'enquête menée à la fin de l'année civile 2015, puis les deux graphiques issus de la présente enquête, pour les deux années scolaires 2015/2016 et 2016/2017 (Graphiques 8, 9 et 10).

Graphique 8. Nombre de séances par semaine, par plage ( %) - selon l'enquête menée fin 2015
Graphique 9. Nombre de séances par semaine, par plage ( %) - 2015/2016
Graphique 10. Nombre de séances par semaine, par plage ( %) - 2016/2017

Ces trois graphiques permettent de confirmer et visualiser une diminution importante en collège, et une stagnation ailleurs, sur la globalité, en constatant toutefois l'augmentation du nombre de collègues qui ne proposent aucune séance, partout, avec en contrepartie des collègues qui effectuent davantage d'heures quand ils en proposent, d'où une moyenne en stagnation ailleurs qu'en collège. Rappelons à ce niveau que l'absence de séances pédagogiques n'induit pas l'absence de travail pédagogique avec les élèves : il peut s'agir d'une pratique non formalisée et non systématique.

Notons ainsi que 78,1 % en 2015/2016, 64,2 % en 2016/2017, des répondants de collège[1], effectuent, en moyenne, 4 à 12 heures de séances par semaine, contre 56,2 puis 42,1 % en cité scolaire[2], 44,9 puis 45,3 % en lycée professionnel[3] et 53,8 puis 51,6 % en lycée GT[4]. Par ailleurs, le plus fort taux horaire déclaré (au-delà de 15 heures) reste marginal (autour de 1 %[5]).

Ainsi, en collège, mais aussi ailleurs, on peut supposer à ce stade que les collègues qui étaient en difficulté auparavant le sont encore davantage cette année, que les autres gardent des heures, ou bien encore ont investi ou réussi à investir de nouveaux dispositifs, selon l'ouverture de leurs collègues à la collaboration avec les professeurs documentalistes ou selon une ancienneté sur le poste qui conforte leur rôle pédagogique quand il était déjà bien intégré.

En toute logique, le principe d'une progression pédagogique s'éloigne. 23,6 % des répondants[6] ont mis en place une progression pédagogique en information-documentation, davantage en cité scolaire (28,4 %) et collège (25,6 %) qu'en lycée GT (19 %) ou lycée professionnel (15,6 %). On note une différence, comme précédemment, entre public et privé, avec une progression dans 21,8 % des cas dans le public (contre 30,4 % en 2016), dans 33,3 % des cas dans le privé (contre 41,2 % en 2016), avec une différence de 10 points partout sauf en lycée professionnel (où la tendance est inverse).

Avec une baisse moins importante, 44 % des répondants[7] parviennent à conduire au moins une séance d'apprentissages info-documentaires par classe, avec une proportion qui reste élevée en collège, égale à 2016 (48,8 %), quand c'est plus compliqué en lycée professionnel (37,1 % contre 50 %), puis la cité scolaire (35,5 %) et le lycée GT (34,3 %). Il existe toujours un écart de 10 points entre le privé (52,3 %) et le public (42,5 %), écart qui ne concerne que la capacité à intervenir seul et/ou en collaboration (plutôt que toujours en collaboration), là encore partout sauf en lycée professionnel. Quel que soit le statut, public ou privé, dans 34,1 % des cas (contre 41,2 % en 2016), ces séances sont menées par le professeur documentaliste seul et/ou en collaboration ; elles prennent place dans le cadre exclusif d'un travail en collaboration dans 10 % des cas (contre 6,7 % des cas), qui relèvent par ailleurs davantage du lycée GT (14,5 %) et du lycée professionnel (11,3 %) que du collège (8,7 %) ou de la cité scolaire (7,8 %). Si la seule collaboration peut être un choix, elle peut aller à l'encontre du besoin de formation, reconnu par le référentiel de compétences professionnelles de 2013 notamment. Il faut aussi estimer par ailleurs que l'augmentation de cette configuration dénote une plus grande contrainte pour les professeurs documentalistes, avec des capacités moindres à intervenir seuls sur des temps horaires avec groupes-classes, et ce quel que soit le type d'établissement.